L’inconscient dans le corps
« À mes yeux, l’inconscient de chaque individu n’est autre que son histoire, dont la totalité est certes emmagasinée dans le corps, mais dont seules des bribes accèdent à la conscience. »
Alice Miller, Le corps ne ment jamais
Comme le dit si bien Alice Miller, le corps est notre inconscient. En fait, il est le berceau de notre histoire et porte en lui notre vécu. Quand une émotion nait en lui et, qu’elle émerge et que nous la réprimons et l’empêchons d’exister pleinement, cette émotion ne disparait pas, mais se loge dans notre corps sous forme de ce que Candace Pert, neurologue et pharmacologue, nomme les molécules de l’émotion. Ces molécules affectent nos tissus et nos cellules, changent le territoire intérieur de notre univers corporel et ont un impact réel sur la santé cellulaire.
Rosenberg, créateur de l’approche psychocorporelle intégrée, enseigne comment l’humain, pour ne pas souffrir, enfouit son vécu profondément dans son corps, dans ce qu’il appelle la cuirasse musculaire. Il explique comment à la longue ce vécu enfoui dans les tissus profonds affecte la libre circulation d’énergie dans le corps. Nous avons tous fait l’expérience de cette réalité. Nous vivons un moment de stress intense, nous avons peur ou sommes tristes et ne vivons pas pleinement l’émotion et hop! Nous voilà malade avec la grippe ou un mal de tête. Il y a ce vieil adage qui dit que ce que nous n’exprimons pas s’imprime. Et c’est bien dans le corps que se fait cette impression!
On parle aussi des maux quand on n’a pas les mots.
Le lien stress émotif et maladie
Grâce aux recherches de Damasio, suivies de celles de Hans Seleye, nous comprenons de mieux en mieux comment le stress affecte notre santé et peut créer la douleur, voire la maladie dans notre corps. En fait, la maladie n’est pas la punition mais le signal qu’il se passe quelque chose. Les souffrances dans notre corps peuvent être les miettes de pain laissées par notre inconscient pour nous aider à retrouver le chemin du retour vers notre authentique vécu, et identifier nos besoins.
Nous savons que les émotions réprimées agissent comme des agents de stress et affectent le système nerveux autonome qui contrôle la circulation sanguine, en augmentant ou en diminuant le flot sanguin alimentant les tissus du corps (dont les muscles, les tendons et les ligaments). Quand le flot sanguin est diminué, nous appelons cela l’ischémie, ce qui veut dire qu’il y a moins d’oxygène dans les tissus, pouvant causer de l’inconfort, des engourdissements ou de la douleur et de la maladie.
Écouter la douleur, l’inconfort et les sensations dans notre corps, c’est donc apporter de la conscience. Les Chinois nous disent que le Chi, l’énergie vitale, va là où nous posons notre conscience. (Donc l’écoute corporelle est l’acte de ramener de l’énergie, du mouvement.) L’écoute corporelle peut ramener de l’énergie sur le plan physique et aider à refaire circuler. Le massage agit de la sorte sur le corps et la psyché.
« L’expérience m’a appris que mon corps est la source de toutes les informations vitales qui ouvrent la voie à plus d’autonomie et de conscience de soi. »
Alice Miller, Le corps ne ment jamais
Le langage irrationnel du corps : sensations et images
Nous avons vu que notre corps porte notre mémoire. Il est comme la grande bibliothèque de notre vie et peut nous informer encore et encore sur ce que nous sommes et sur l’état de nos besoins fondamentaux. Encore faut-il savoir l’écouter et apprendre à ré-apprivoiser son langage irrationnel, rempli de sensations et d’images. Dans notre société plutôt cartésienne, nous avons survalorisé les facultés du rationnel souvent au détriment de l’aspect plus irrationnel de notre être. Quand émerge notre irrationnel dans nos vies cela déclenche souvent en nous des jugements et du rejet, réactions défensives qui cachent souvent des peurs : peur de ce que nous ne comprenons pas à première vue, peur de l’émotion, de ce monde irrationnel qui nous habite.
Il est vrai que le monde de l’émotion et du corps est irrationnel et possède son propre langage.
Pour ré-apprivoiser le langage de notre inconscient corporel, nous avons des outils: focusing, méditation, visualisation, écriture automatique, mouvement conscient etc. L’important est de comprendre que l’inconscient qui est dans notre corps ne s’exprime pas par des mots rationnels comme le fait le conscient : il a son propre langage.
Conclusion
Notre corps nous parle constamment. Il est le meilleur outil qui s’offre à nous pour nous informer avec justesse de notre vécu dans l’ici et maintenant. Récupérer ce dialogue sacré avec notre corps est un cadeau précieux que nous nous offrons et qui peut nous éclairer sur le chemin de la connaissance de soi et du soin de soi. En revalorisant les messages que notre corps nous livre, nous ouvrons donc la voie royale vers plus d’accueil et d’amour de soi, ainsi que notre capacité à créer plus de bonheur véritable dans nos vies.
« C’est ce cheminement vers ma propre libération qui m’a fait découvrir l’importance sacrée du corps comme moyen pour atteindre la guérison. »
Colette Portelance, La guérison intérieure
Lectures suggérées:
Alice Miller, Notre corps ne ment jamais
Colette Portelance, La guérison intérieure
Marie-Lise Labonté, Au coeur de notre corps
Jack Lee Rosenberg, Le corps le soi et l’âme
Eugene T. Gendlin , ph. D., Le focusing